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Quand la Métro et le service public fait la promo de l’ultra fast fashion et de SHEIN
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Commerce — Métropole

Mais pourquoi cette pub pour Shein sur les bus M’Tag agace-t-elle autant ? (DL)

Elle sera visible jusqu’à ce mercredi, après un début de campagne le 26 juin. Cette publicité, en adhésivité sur certains bus de M’Tag de la métropole grenobloise, fait beaucoup parler. On vous dit tout.

Eh oui, vous n’êtes pas les seuls à pousser de gros coups de gueule sur les réseaux sociaux. Les élus le font aussi. Et leurs messages sont encore plus visibles.

La conseillère régionale Sandrine CHAIX (Les Centristes) - qui est aussi candidate sur Meylan aux municipales - s’est fendue d’un post bien énervé sur Facebook. Celui-ci était accompagné d’une photo d’un bus de M’Tag, qui circule dans la métropole grenobloise. Un bus paré d’une grosse publicité pour le géant de l’ultra-fast fashion chinois, Shein.

Vous savez ce site qui vend des vêtements, accessoires et objets de déco vraiment pas chers et qu’on peut recevoir dans des colis en plastique souple. Vous savez, ce site qui fait l’objet de nombreuses critiques jusqu’au Parlement par ceux qui dénoncent « une concurrence déloyale » et une « empreinte carbone » de fou…

« Peut-être n’est-il pas utile que le service public en soit le vecteur de communication ! »

En découvrant ce bus, Sandrine CHAIX a vu rouge et elle a écrit : « Voilà comment on contribue à tuer le commerce de proximité ! Pendant que la Métropole de Grenoble attribue des subventions aux associations de commerçants comme LabelVille Commerces Grenoble pour les soutenir, les bus de M’Tag font la promotion de Shein, géant de l’e-commerce, nuisible à notre économie, ce mastodonte chinois aux produits pas toujours de qualité, ne respectant pas les normes de fabrications élémentaires, au bilan écologique catastrophique. L’ultra fast-fashion s’appuie également sur des employés, souvent soumis à des horaires excessifs et des salaires dérisoires. De plus, c’est un concurrent déloyal face à nos commerces qui eux, paient des loyers, des pas-de-porte, des fonds de commerce, des taxes […] Peut-être n’est-il pas utile que le service public en soit le vecteur de communication ! »

Et quand on l’a contactée, elle en a rajouté une couche : « Oui, j’étais en colère et je le suis encore, même si je me doute bien que c’est le choix du prestataire et pas de M’Tag directement. Mais la gauche et les écologistes se sont assez vantés d’avoir enlevé les panneaux Decaux à Grenoble et on a tous entendu leurs beaux discours sur le commerce local, pour ne pas souligner cette situation ! »

« Ces entreprises sans foi, ni loi, ni taxe »

Un autre élu - et cette fois-ci de la majorité métropolitaine de gauche -, le vice-président écologiste Lionel Coiffard, qui est charge notamment des déchets, a lui aussi manifesté un certain mécontentement sur Facebook. Mais il a utilisé l’ironie. D’abord en titrant son message : « Pourquoi je vais proposer d’arrêter de nous occuper de récupérer le textile usagé et d’inciter les citoyens à privilégier le durable, le réparable, la seconde main ? ».

Puis en ajoutant : « Notre Métropole a engagé depuis presque dix années un programme ambitieux et novateur nationalement pour commencer à stopper le tout jetable […] Et nous voyons, en face, le « sourire narquois » de ces entreprises sans foi, ni loi, ni taxe, qui proposent aux consommateurs des produits de basse qualité mais jolis et si alléchants en termes de prix. »

Il poursuit sur sa découverte de la pub sur le bus : « Arrêté au feu de circulation, je tourne la tête, et stupeur, je me retrouve nez à nez avec une splendide affiche de la fameuse entreprise sans foi ni loi, trônant sur le flanc d’un bus M’Tag. Bof, bof, me dis-je ! Mais je me souviens d’un coup que M’Tag est une entreprise publique, chapeautée par le Smmag (1), lui-même chapeauté juridiquement par plusieurs collectivités, dont la Métropole ! Mince, alors, je suis donc aussi responsable d’accepter que notre institution publique récupère du fric en publicité, pour que cette marque remplisse au final encore plus intensément les poubelles que notre institution publique essaie de vider à la petite cuillère ! »

La lettre se termine néanmoins avec une promesse : celle d’engager un dialogue avec le prestataire « pour le sensibiliser à ces enjeux environnementaux et sociétaux pour qu’il en tienne compte autant que possible lors des futures sélections d’annonceurs ».

Les explications de M’Tag : « Nous n’avons pas été consulté en amont »

On a donc contacté Jean-Paul Trovero (PCF), président de M’Tag. Il nous a dit que Sandrine CHAIX et Lionel Coiffard n’avaient pas été les seuls élus à réagir, puisqu’une lettre officielle avait été aussi rédigée par les écologistes Margot Belair et Pierre Bejjaji, qui siègent au Smmag (syndicat des transports). Dans cette missive, ceux-ci ont exprimé leur étonnement et parlé des conditions de vie des ouvriers travaillant pour la fast-fashion. Puis Jean-Paul Trovero nous a dit qu’une réponse, signée par lui-même et le directeur général de M’Tag Michaël Guthmuller, avait été envoyée.

Dans celle-ci, on comprend que la « pub » à M’Tag a été confiée à un prestataire lors d’une passation de marché. Le contrat prévoit que les espaces publicitaires doivent être vendus en majorité (plus de 60 %) à des annonceurs privés basés en Isère ou en Auvergne-Rhône-Alpes, et que le message publicitaire ne doit en aucun cas revêtir un caractère religieux, politique, contraire aux bonnes mœurs, à la morale ou à l’ordre public, etc. Il est aussi précisé que la validation d’une campagne de publicité n’a pas d’obligation formelle de passer par M’Tag ou le Smmag. Et une phrase dit que « M’Tag n’a pas été consulté en amont pour cette campagne pour Shein. »

La lettre se termine néanmoins avec une promesse : celle d’engager un dialogue avec le prestataire « pour le sensibiliser à ces enjeux environnementaux et sociétaux pour qu’il en tienne compte autant que possible lors des futures sélections d’annonceurs ».


Ève Moulinier

Lieu : Métropole


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